Il Martirio di Santa Cecilia, de Alessandro Scarlatti (2002)

Festival de la Chaise-Dieu, Francia

« María Soledad Cardoso déploie un talent fou dans le rôle-titre du « Martyre de Sainte Cécile ». Un diamant musical signé Alessandro Scarlatti.
(…) le public n'a d'yeux et d'oreilles que pour María Soledad Cardoso qui interprète le rôle –titre du Martyre de Sainte Cécile d'Alessandro Scarlatti, présenté, mardi soir, à la abbatiale. Qui résisterait au charme de cette belle brune aux yeux de jais, à la silhouette séduisante? En tout cas pas Gérard Lesne qui a rencontré cette élève de Teresa Berganza, l'été dernier lors d'un stage.

María Soledad Cardoso possède une voix puissante idéalement timbrée, qui s'épanouit naturellement dans l'aigu. En même temps, elle laisse entrevoir une certaine fragilité qui colle bien à son rôle. Cette jeune pousse du chant baroque devrait encore gagner en souplesse et bientôt tutoyer les stars du circuit classique. Rappelons qu'elle avait déjà attiré l'attention des mélomanes, l'an dernier, au festival d'Ambronay où Lesne et ses musiciens d'Il Seminario Musicale ont présenté pour la première fois cet oratorio de Scarlatti. »

Le Progrès

Le Progrès

« Sans être tout-à-fait pervers (quoique…) on se repasserait bien un peu du Martyre de Sainte Cécile. Pour l'amour de l'art bien sûr!

(…) L'impossible, ce merveilleux rêvé, pourrait donc être multiple. Nous avons eu une figure de ses paradigmes, mardi avec «Il Martirio di Santa Cecilia», d'Alessandro Scarlatti. Il serait réducteur de focaliser un argumentaire autour de la personnalité vocale hors du commun de la soprano María Soledad Cardoso, Cécile avant d'être Sainte, c'est-à-dire «humaine, si humaine» pour paraphraser Nietzsche, et ceinte par son chant immaculé : vierge couronnée.

Il convient plutôt de dire que tout –les autres rôles, l'orchestre- s'articule autour d'elle, de ce timbre somptueusement pur, à l'émission infaillible et tout de grâce. On retrouve, rare privilège, les racines du bel canto, qui sont le « bien chanter » baroque, qu'elle illumine en prime d'un «beau chant». La prouesse, purement technique et superbement maîtrisée, réside en ce bel canto non opératisé. Pas de «spinta» hors sujet. «Pianissimi» et «filati», caressés avec une grâce de cheveux d'anges, ont la fermeté et la ductilité d'une soie «di grazia».

On comprend que par sa virtuosité naturelle, sa «vocalità» lui ouvre bien d'autres horizons ; du «coloratura» au «lirico leggero».

Rien de physique dans le port et la projection. Pas plus que dans la flexibilité des dynamiques. Pas un instant le spectateur n'est pris d'un doute dans l'aigu à la limpidité argentine, ni ne redoute ce point d'équilibre où, mise en péril, la voix bascule et s'étrangle impromptue chez beaucoup.

L'absolue conviction que ses limites ne seront jamais atteintes, procure à l'audition une sorte de rassurant vertige, de jouissance confiante que conforte une agilité à l'insolence émouvante (…). »

Roland Duclos

L'Argus de la presse